Pintura original de Celia Castelán (artista mexicana, Veracruz, S XXI)
1Le grand mérite de Nora Şeni est sans doute d’avoir su réunir, dans un court essai de moins de 200 pages, les biographies de six personnages-clé de l’Affaire de Damas. Elle en fait les inventeurs d’une nouvelle forme de lien social, né dans l’Europe des Lumières : la philanthropie. Le récit ne se livre pas facilement, et le plan adopté n’évite pas les redites, puisqu’il s’agit à la fois de définir par les pratiques l’objet même de l’invention et d’entrecroiser par ailleurs la trame de l’existence de trois notables parisiens et londonien – Adolphe Crémieux (1796-1880), James Rothschild (1792-1868) et Moses Montefiore (1784-1885) – avec celle de jeunes orientalistes désargentés immigrés d’Europe centrale – Salomon Munk (1803-1867), Albert Cohn (1814-1877) et Louis Loewe (1806-1888) – qui s’engagent à leur côté en cette occasion. Ces derniers seront les initiateurs, la caution intellectuelle, parfois la cheville ouvrière d’une entreprise de « régénération » des Juifs du monde méditerranéen par l’enseignement, la santé et l’hygiène.
2Bien qu’il déborde largement en amont et en aval, l’ouvrage est centré sur les vingt années qui vont de l’affaire de Damas (1840) à la fondation de l’Alliance israélite universelle (1860). Ces années marquent le passage de philanthropie individuelle, dominée par la rivalité entre James Rothschild et Moses Montefiore, à la philanthropie institutionnelle organisée autour de l’Alliance israélite universelle qui comptera Adolphe Crémieux et Salomon Munk parmi ses premiers présidents.
3L’avant-propos explique d’emblée ce que Nora Şeni entend par philanthropie : un mouvement de bienfaisance juive, consacrant de nouveaux rôles sociaux assignés aux notables. Elle s’inscrit résolument dans la lignée des travaux de Catherine Duprat : par son enquête sur les discours et pratiques des philanthropes parisiens du début du xixe siècle, celle-ci était parvenue à dégager la notion de philanthropie des contenus idéologiques qu’elle véhiculait. Le vocable apparaît à la fin du xviiie siècle pour désigner un ensemble de pratiques d’assistance à l’égard du monde ouvrier, et plus généralement, des classes salariées urbaines. Pour les historiens de l’État-providence, la philanthropie fait figure de stade embryonnaire de la saisie par le politique de la question sociale. Les mieux disposés à son égard ont souligné les limites et les insuffisances du modèle face à l’ampleur des problèmes à résoudre, tandis que l’historiographie marxiste, prolongée par la critique foucaldienne, a envisagé la question de la philanthropie comme un dispositif de contrôle social visant à discipliner les classes populaires.
4Nora Şeni entend réhabiliter la figure du philanthrope, considéré par cette critique comme une véritable « police des familles » (p. 83). Pour elle, la philanthropie est une forme de solidarité sociale et de responsabilité collective. « Issue des Lumières, elle aspire au progrès, et non plus seulement à la charité. Elle a pour mission de prévenir plutôt que de guérir, de fournir du travail au lieu d’une aumône. Elle sera mise en œuvre par ces banquiers bienfaiteurs qui vont fonder écoles, dispensaires et hôpitaux par solidarité avec des coreligionnaires qui peuplent les contrées d’Orient, en particulier Jérusalem. » (p. 9). Un long chapitre central développe les différents éléments de cette définition. La filiation avec les Lumières est essentielle, dans la mesure où elle fait reposer la philanthropie sur une conception temporelle de la bienfaisance, dégagée du lien avec l’enseignement religieux et la charité. Celle-ci s’efface devant l’impératif de mise au travail : la recherche du bonheur et du bien-être matériel passent par la compatibilité avec les nouveaux modes de production capitalistes qui se mettent en place en Europe et sur les rives de la Méditerranée.
5Pour étayer sa thèse, Nora Şeni n’hésite pas à pratiquer l’anachronisme en osant une comparaison heuristique entre la philanthropie juive du xixe siècle et l’action humanitaire telle que l’ont théorisée Rony Brauman et Bernard Kouchner. L’une et l’autre procèdent à ses yeux du prix accordé à la vie humaine dans l’humanisme occidental, d’un même souci de l’Autre, d’une compassion identique devant la misère. L’intervention médicale d’urgence ne saurait, certes, se confondre avec l’action essentiellement préventive des philanthropes. Mais ces derniers se retrouvent, à plus d’un siècle d’écart, avec les humanitaires, sur la question du devoir d’ingérence et de la mobilisation médiatique des sociétés civiles au service d’une cause, même si ce doit être au prix d’une entorse aux règles de la diplomatie entre États.
6C’est bien en cela que l’affaire de Damas, dont le récit ouvre l’ouvrage, est fondatrice. On en connaît la trame. S’appuyant largement sur la synthèse de Jonathan Frankel, Nora Şeni décrit les circuits d’information qui transmettent d’Orient en Occident l’appel de la communauté juive de Damas, dont plusieurs membres ont été accusés par le consul de France de meurtre rituel. L’attention portée aux destinataires de ces appels montre la place éminente que tiennent déjà les Rothschild dans les institutions et les mentalités du judaïsme européen. L’activité d’Adolphe Crémieux, ténor du barreau parisien et vice-président du Consistoire central des Juifs de France, secondé par un jeune orientaliste, Albert Cohn, qui travaille déjà depuis deux ans pour James Rothschild, témoigne de nouvelles formes de mobilisation : appel à l’opinion publique à travers la presse, lancement d’une souscription internationale pour financer un voyage destiné à obtenir la réouverture du procès, irruption enfin dans le jeu diplomatique classique dans la mesure où Crémieux agit contre l’avis de son gouvernement, à la différence de Moses Montefiore, président du Conseil des délégués des Juifs d’Angleterre, soutenu par le Foreign Office.
7James Rothschild à Paris et son neveu Nathanaël à Londres arrêtent la composition de la délégation qui embarque pour Alexandrie à l’été 1840 et obtiendra quelques mois plus tard de Mehmed Ali la libération des prisonniers. Ils placent celle-ci sous la responsabilité de Moses Montefiore, figure conservatrice susceptible de tempérer l’impétuosité de l’avocat français. Les épouses des deux notables et leur médecin personnel font partie de l’expédition. Ils s’adjoignent en outre les services de deux orientalistes : Louis Loewe devient pour l’occasion traducteur et secrétaire particulier de Montefiore. Originaire de Silésie prussienne, docteur de l’université de Berlin ayant étudié à Vienne puis à Hambourg, il connaît la vallée du Nil pour y avoir effectué un voyage d’études pour le duc de Sussex en 1827. Salomon Munk, qui accompagne Crémieux est lui aussi originaire de Silésie. C’est grâce au soutien du dramaturge Michael Beer, puis de l’orientaliste August Wilhelm von Schlegel qu’il a pu étudier à Berlin, puis à Paris. Lorsqu’en 1832 il propose ses services à la Bibliothèque royale pour le catalogage des manuscrits hébreux, chaldéens et syriaques, il pose, sans en être bien conscient, les jalons d’une entreprise fondatrice d’une école orientaliste française, qui le conduira au Collège de France en 1859. En faisant de ces textes écrits en caractères hébraïques une voie d’accès à la philosophie arabe classique, il fait du judaïsme un universalisme, montre sa compatibilité avec la civilisation de l’Islam classique et contribue à orienter l’attention des milieux éclairés d’Europe sur la situation des minorités en terre d’Islam.
8« L’affaire de Damas a agi comme un catalyseur : à la fin du voyage en Égypte, nos six personnages ont tous rencontré leur destin » (p. 155). La formule quelque peu grandiloquente conclut la démarche de Nora Şeni. La boucle est bouclée : le deuxième chapitre s’était attaché à présenter « trois orientalistes en quête de destin », issus de milieux très pieux de Silésie ou de Moravie, tous trois bloqués dans leur carrière universitaire par les restrictions pesant sur les Juifs, et tous trois exilés dans les capitales de l’émancipation. Elle souligne, dans leur itinéraire, le rôle des protections et recommandations dont ils ont pu bénéficier. Elle y voit d’ailleurs une première forme de philanthropie, destinée à être payée en retour : la promotion, chez Munk, d’un orientalisme érudit, distinct de « l’orientalisme de pacotille » (p. 63) des romantiques et des voluptueux voyages en Orient ; l’engagement de Louis Loewe aux côtés de Montefiore jusqu’à sa mort, et surtout celui d’Albert Cohn, précepteur des enfants de James Rothschild, véritable artisan de sa politique philanthropique qui devient, selon la formule empruntée à Pierre Birnbaum, le « ministre des Questions juives » de la famille.
9Les trois derniers chapitres de l’ouvrage campent enfin les trois figures de notables. Chacun d’eux, par son parcours et son mécénat, incarne « une veine arborescente de la philanthropie individuelle. » (p. 167) : pour James Rothschild, c’est la lutte contre la misère qui prime. « Le banquier philanthrope » (chapitre V) est arrivé en France en 1812. Ses fondations scolaires et hospitalières autour de la Méditerranée ponctuent son accession au rôle de leader protecteur des Juifs, en marge des communautés instituées. Ses réalisations immobilières parisiennes attestent quant à elles de son souci de s’agréger à l’aristocratie de la capitale. Moses Montefiore représente la voie de la piété et du respect de la tradition, même si, par ses nombreux voyages à Jérusalem, il contribue à vivifier et à moderniser le lien entre la diaspora et la Ville sainte. Adolphe Crémieux incarne quant lui la veine universaliste de « la philanthropie par le verbe » (chapitre VII) vers où semble incliner la préférence de Nora Şeni. Produit de la Révolution, modèle du Juif d’État et père spirituel de l’Alliance israélite universelle, il représente à partir de l’affaire de Damas « non pas un héros protecteur des Juifs, mais un héros juif protecteur de la Vérité et du Droit » (p. 165).
10Y a-t-il une spécificité de l’action philanthropique juive ? Dans quelle mesure peut-on la dissocier de celle de la Société philanthropique, de la Société de la morale chrétienne ou, plus généralement, des œuvres catholiques, libérales ou protestantes qui s’affirment à Paris de la fin de l’Empire au milieu des années 1840 ? Peu contextualisée, la philanthropie juive semble relever, sous la plume de Nora Şeni, d’une forme de génération spontanée. Elle évoque, certes, en quelques pages rapides centrées sur l’espace ottoman (p. 92-99) le décalage chronologique entre une philanthropie grecque qui la précède et contribue à construire l’hellénisme, et une philanthropie musulmane qui émerge à la fin du xixe siècle, sous l’impulsion du sultan Abdülhamid II.
11N’y a-t-il qu’un simple effet de mimétisme de l’Europe à l’Orient et aucune interférence entre les philanthropes chrétiens, juifs et musulmans ? On chercherait en vain, dans l’ouvrage de Nora Şeni, une réponse explicite à ces questions. La vision internaliste du judaïsme qu’elle développe relève, bien qu’elle s’en défende, d’une forme de téléologie destinée à réintroduire et réhabiliter la geste philanthropique dans un processus de construction nationale. Que représentent Jérusalem et la Terre sainte pour les philanthropes juifs du xixe siècle ? En ouvrant l’éventail des attitudes entre les trois notables fondateurs et l’outillage intellectuel de l’orientalisme, elle montre très justement qu’elles furent autant un prétexte au service de l’exercice d’un magistère sur les communautés européennes qu’un enjeu d’action concrète pour elles-mêmes. Qu’ont-elles représenté pour « la majorité des Juifs de la diaspora » (p. 117) ? La réponse à apporter déclinera toutes les situations possibles en fonction du lieu et des situations sociales. Si l’ouvrage ne se donne pas les moyens de trancher, la question mérite néanmoins d’être posée Haut de page<
Pour citer cet article
Référence papier
Frédéric Abécassis, « Nora Şeni, Les inventeurs de la philanthropie juive, Paris, Éditions de la Martinière, 2005, 202 p. », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 121-122 | 2008, 293-296.
Référence électronique
Frédéric Abécassis, « Nora Şeni, Les inventeurs de la philanthropie juive, Paris, Éditions de la Martinière, 2005, 202 p. », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée [En ligne], 121-122 | avril 2008, mis en ligne le 16 novembre 2007, consulté le 05 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/remmm/4523Haut de page
Frédéric Abécassis, « Nora Şeni, Les inventeurs de la philanthropie juive, Paris, Éditions de la Martinière, 2005, 202 p. », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée [En ligne], 121-122 | avril 2008, mis en ligne le 16 novembre 2007, consulté le 05 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/remmm/4523
Análisis crítico del llamado movimiento de descolonización, eufemismo fabricado por “intelectuales” de vario pelaje, tanto en universidad de Hispanoamérica como de los EEUU e incluso en Francia, con algunos intelectuales españoles o secesionistas catalanes, etc., en la misma cuna del Hispanismo: España
FUENTE DEL VIDEO : CANAL DE LA FUNDACION GUSTAVO BUENO EN YOUTUBE : fgbuenotv. Este video forma parte de la serie de videos sobre diversos temas, presentados como Teatro Crítico.
Los dos investigadores ( Teatro Crítico ⋅ TC076 ⋅ Haniel Barazarte y Humberto González. http://teatrocritico.es/2020/p076.htm) nos presentan una serie de acontecimientos de gran relevancia para el presente y próximo futuro de los diversos Estados de América cuya idioma es esencialmente el español; ambos son venezolanos que viven en el Estado de Florida, EEUU, que plantean esa serie de cuestiones en torno a la llamada decolonización, o podríamos decir: reconstruir la Historia al modo posmoderno, generando un resultado político determinado y en suma, hispanófobo.
Este video nos aporta materiales de mucho interés para analizar varias tesis que ya planteaba el filósofo español Gustavo Bueno (1924-2016) en su libro titulado España frente a Europa( 1ª ed. 1999) En especial el capítulo V: España y América Hispana (Iberoamérica). También nos parece muy importante volver a consultar el libro de Gustavo bueno, España no es un mito. (Claves para una defensa razonada)(1ª ed. 2005) ; del cual consideramos esencial el capítulo(Final) titulado Don Quijote, espejo de la nación española.
Resulta de gran importancia lo que sostiene Haniel Barazarte , en cuanto al hecho de que existe en la actualidad( año 2020), una corriente , que procede sobre todo de las universidades estadounidenses, en sus Departamentos de Estudios Culturales, secciones de estudios “hispanos” o “Latinos”, sesgados por una rabiosa hispanofobia, y por un sesgo que, disfrazado de estudios ” culturales”, o ” de género”, o de “identidad”resulta llevar consigo una fuerte carga política, que busca favorecer, con este modo de reconstruir el pasado Histórico real, de toda la región heredera de los Virreinatos Hispánicos, esto es, del Imperio Español realmente existente, que enfrentaba a otros Imperios en competencia, la cual se trasladó desde Europa a América, tras el llamado Descubrimiento de Colón y posterior Conquista de Hernán Cortés, luego Pizarro y otros españoles al servicio del Imperio Español.
Vamos a citar un libro breve, pero muy polémico, al menos en México, escrito por el filósofo, historiador y arquitecto alemán Horst Kurnitzky, que en ciertas tesis coincide, de alguna manera con tesis manejadas por Gustavo Bueno, en los mencionados libros y en artículos de la revista El Catoblepas(on Line) y en la revista El Basilisco, en papel, y partes on Line en la web de la Fundación Gustavo Bueno, respecto de los mitos oscurantistas, cuya implantación política tanto favorecen los intelectuales pagados y que laboran en universidades estadounidenses, y en instituciones hispanoamericanas financiadas con generosas becas de fundaciones yanquis como por ejemplo la Fundación Ford , entre otras muchas. Se trata del libro titulado Extravíos de la Antropología mexicana (1ª ed. 2004); se trata en realidad de un opúsculo, cuyas 48 páginas provocaron entre el gremio de antropólogos e historiadores mexicanos un autentico vendaval de airadas reacciones en contra de Kurnitzky. ¡ Desde cuando un europeo, y menos un alemán, viene a enmendarnos la página a nosotros, los que SI SABEMOS lo que es la Historia y la Antropología de NUESTRO país !
Cito un texto como muestra para quienes tengan interés en ahondar en asuntos complejos sobre lo que es hoy en día, el problema de la Hispanidad desde una perspectiva no sólo histórica, lingüística, etc. , sino un problema cuya IMPLANTACION POLITICA, precisa de un sistema filosófico suficientemente fiable y potente. Creemos que el sistema ya lo tenemos a la mano, quienes buscamos evitar la descomposición y desmembración de España y de algunos Estados en Iberoamérica, enfrentados mediante el arma de la llamada decolonización, que no es sino el “divide y vencerás” de los Romanos del Imperio, frente a sus enemigos o frente a los pueblos “bárbaros” que trataron de incorporar a su Imperio( generador, más que depredador, en el sentido que da a estos conceptos Gustavo Bueno).
Cita de Kurnitzky, página 13: (…)Los historiadores no solamente confunden la crónica con la Historia, sino que los historiadores y los antropólogos también confunden los mitos con la Historia. Por ejemplo, el mito aparentemente de origen de los pueblos aztecas, su emigración de Aztlán hasta la fundación de México-Tenochtitlán , nos lo relatan como si se tratara de una verdadera peregrinación hasta encontrar la famosa águila posada en un nopal y devorando una serpiente, cuando todo eso debe ser interpretado como un mito y no como un relato de la historia real.Los antropólogos se comportan como los fieles de la Biblia que están seguros que la creación del mundo fue obra de un dios todopoderoso; que el éxodo de las doce tribus judías de la prisión egipcia, encabezada por el legendario Moisés, forma parte de la historia judía(…)
La cuestión más relevante planteada en el vídeo, a nuestro modo de entender, es que todos los movimientos identitarios, de deconstrucción, o mejor deberíamos decir, destrucción de la Historia de América, y en especial de la América surgida tras la llegada y posterior Conquista española y portuguesa, por medio de la ideología de tipo posmoderno (relativista cultural hasta el tuétano, al pairo de los franceses Derrida, Foucault, etc.)o de los indigenismos que gestaron las varias corrientes de la llamada Filosofía de la Liberación y los vínculos con la Teología de la Liberación y con las corrientes evangélicas llevadas por estadounidenses a América Hispana desde tiempos del célebre lingüista, director del Instituo Lingüístico de Verano yanki, Kenneth Pike. O la incorporación Sui generis de Marx y de Cristo a la propuesta de la Liberación( mera nebulosa ideológica , pero con muchos fieles seguidores) del argentino afincado en México Enrique Dussel.
Hay, creo, una opción , surgida de la obra filosófica del dominico mexicano, Mauricio Beuchot, que como es lógico, se posiciona , desde el Catolicismo y la Filosofía aristotélico tomista, en contra de estas corrientes fundamentalistas hispanofóbicas y negrolegendarias. Su propuesta filosófica respecto de estas cuestiones nos parece muy valiosa, porque presenta un sistema de análisis y crítica muy sólida frente a todas las variantes del dominante deconstruccionismo, que arrastra consigo, necesariamente, un importante componente negrolegendario y anti hispanista, en pro de vías “identitarias” que finalmente sólo sirven para anclar aún más a Hispanoamérica( Iberoamérica) en intereses ajenos a los que deben ser, por mera cuestión de eutaxia, los que deben guiar a las Naciones políticas que constituyen la Hispanosfera, enfrentada, aún hoy día, y teniendo presente la creciente influencia de China en estas cuestiones, a la anglosfera y sus aliados “internos” , sobre todo intelectuales y académicos posicionados, aparentemente, con los “más desfavorecidos y relegados” social y económicamente, los descendientes de los , por usar un término anglo: aborígenes.Aborígenes, según la Leyenda Negra construida por los enemigos del Imperio Español(Holanda, Francia, sobre todo Inglaterra y luego los Estados Unidos de Norteamérica)y sostenida por las élites hispanoamericanas y algunas españolas “sobre todo de izquierdas progresistas”, renegadas de su propia estirpe y raíz nacional, de su “patria” común, que se expresa en español.
Trata el tema del anti judaísmo en Hungría ( en una etapa del Imperio Austro-húngaro y la persecución nazi y el exterminio, u Holcausto del pueblo judío bajo el régimen nazi alemán durante la II Guerra Mundial
Synopsis The film follows a Jewish family living in Hungary through three generations, rising from humble beginnings to positions of wealth and power in the crumbling Austro-Hungarian Empire. The patriarch becomes a prominent judge but is torn when his government sanctions anti-Jewish persecutions. His son converts to Christianity to advance his career as a champion fencer and Olympic hero, but is caught up in the Holocaust. Finally, the grandson, after surviving war, revolution, loss and betrayal, realizes that his ultimate allegiance must be to himself and his heritage. Director : István Szabó Writer : István Szabó (story), István Szabó (screenplay), Israel Horovitz (screenplay) Actors : Ralph Fiennes | Rosemary Harris | Rachel Weisz
La figura del Golem, es un humano pero que no era exactamente humano.
Para la Historia del pueblo hebreo , la esclavitud, etc. Las guerras, etc. Es importante ese concepto o personaje Golem. Bernard Henri Levi, no es un rabino, sino un filósofo, pero los rabinos son realmente cierta especie de filósofos “teólogos”. Y para analizar el proceso actual de retraimiento del Imperio de los EEUU, recurre a la Torah y en concreto los escritos de Dante ( De Republica) y de Maharal de Praga, para tratar de analizar la situación dada en el llamado Nuevo Orden Mundial, surgido tras la caída de uno de los dos Imperios hegemónicos del S XX, la ex URSS. Ahora hay varios reinos y un Imperio, alguno o varios reinos tratan de tomar el lugar del ex Imperio soviético. De este tema trata el libro de este ya no tan nuevo filósofo, Henri Levi
La filosofía en el conjunto del saber…y del hacer. Exposición desde el sistema del Materialismo Filosófico (ojo, no es el Materialismo Histórico de Marx, ni el Materialismo Dialéctico de Engels)
COMENTARIO DE INTROFILOSOFIA: Este breve comentario sobre qué es y para qué sirve la Filosofía, resulta vital para sobrevivir en esta Era de la Post-Verdad a donde nos quieren conducir , las mafia políticas ,periodísticas, sindicales y financieras, como corderos al matadero, o al esquiladero. La Filosofía sirve , como dice en la célebre metáfora expresada a través de El Mito de la Caverna, Platón, en su libro tuitulado La República, para quitarnos las cadenas de la ignorancia y tratar, con mucho esfuerzo de lograr ver la realidad de las cosas que conforman el mundo en que vivimos, con la mayor claridad posible, para ,precisamente , no ser esclavos de la opinión, del subjetivismo que cae en la oscuridad más vil. Por esto hemos presenciado en estos tiempos de posmodernismo, globalización, de cualquiera de sus partes y segmentos diversos, permanentes ataques contra la introducción de los estudios serios y rigurosos d ella Historia de la Filosofía, y de una Introducción a la Filosofía como un saber de segundo grado, no idealista ,ni metafísica, sino fuertemente arraigada en un materialismo gnoseológico, que parte de los saberes de las demás Ciencias, y del conocimiento de las tecnologías, para buscar desarmar las nebulosas que sirven a los que manipulan con engaños y recursos a la inteligencia emocional y otras lindezas posmodernas , para mantener a la mayor parte posible de gente en el fondo de la caverna platónica, atado s por las cadenas de la ignorancia y creyendo que las meras sombras de sombras , las apariencias que oscurecen y ocultan la realidad que es nuestro mundo material, puedan seguir sacando de nosotros todo lo que pude a cambio de unos mendrugos y migajas de sus festines.Esto es la decadencia de una sociedad. Por eso es importante la Filosofía.El arte de separar, de cribar, de triturar para ver mejor cada parte de los todos complejos que enfrentamos a lo largo de la vida. En resumen : triturar y denunciar los mitos de todo tipo que son perjudiciales para ser más libres, en el sentido de la palabra que le da el filósofo sefardí Espinosa
√Jorge Drexler, habla sobre lo que implica la décima, poesía únicamente posible en el hablar hispanoamericano: en el idioma español, y en los cantares populares de toda Hispanoamérica, hasta los comienzos del siglo XXI
Cousine de Walter Benjamin, Gertrud Kolmar était une jeune femme cultivée issue de la bourgeoisie juive, qui se sentait parfaitement intégrée à l’Allemagne. Parlant russe et français, elle vécut un temps à Dijon. Elle enseigna, s’occupa d’enfants, mais surtout, elle écrivit. Son œuvre courte, mais forte, à laquelle la guerre et la déportation mirent fin, fut heureusement sauvée du désastre grâce à sa sœur Hilde. Astreinte en 1941 au travail forcé dans une usine berlinoise, elle fut déportée et mourut en mars 1943 à Auschwitz, à moins de cinquante ans. Ce n’est qu’en 1951 que la République fédérale la déclara officiellement décédée.
Gertrud Kolmar, Robespierre, Poésie suivi de Le Portrait de Robespierre. Édition bilingue. Traduit de l’allemand et postfacé par Sibylle Muller, Éd. Circé 22,50 €, 214 p.
La publication de ces poèmes et du portrait de Robespierre, écrits au tout début du nazisme, prend un regain d’intérêt dans notre époque où passe furtivement l’ombre des années Trente, quand vacillaient les principes issus de la Révolution. Les interrogations face à un avenir incertain se ressemblent beaucoup, quels que soient l’heure et le lieu … Gertrud Kolmar en tout cas avait en son temps de bonnes raisons de s’inquiéter pour son pays et pour elle-même. Elle sentit très vite que son monde allait être mis à feu et à sang. Est-ce cela qui la conduisit à s’interroger sur une autre période de troubles et de souffrances, la Révolution Française, et plus spécialement la Terreur ? Tandis qu’elle voyait fleurir les dictatures et pressentait le désastre imminent, voulut-elle retrouver, sous les poussières de la carrière, les traces de l’antique Vertu qu’elle croyait logée dans le cœur de Robespierre, guidant sa pensée et son bras ? Elle donne en tout cas une vérité poétique à ces quelques mois qui furent ressentis comme un cataclysme en France et dans le monde.
Même si elle s’est documentée (lisant le français, elle connaissait notamment les ouvrages d’Albert Mathiez), il ne s’agit pas pour Gertrud Kolmar d’entrer dans une querelle d’historiens sur ces temps agités où la jeune République se battait pour sa survie, tout en voulant être un exemple pour les autres peuples. Pour son œil de poète, l’imagerie populaire, même simpliste, vaut autant que les analyses sérieuses, soucieuses d’impartialité et d’objectivité. Elle le dit clairement au début du Portrait de Robespierre : parmi tous les auteurs qu’elle a lus sur le sujet, « les peu crédibles ont autant de valeur que les consciencieux ». Image contre image, elle cherche à contrecarrer celle du tyran sanguinaire, véhiculée depuis si longtemps, qui escamote l’adversaire de l’esclavage, le défenseur des droits de l’Homme, l’admirateur de Rousseau. L’Allemagne n’a guère retenu que la face d’ombre du personnage. Mais la France, dont la capitale a refusé récemment encore de baptiser une rue du nom de Robespierre, ne se montre guère plus généreuse… George Sand, Balzac, Victor Hugo, beaucoup d’autres écrivains ont parlé de lui, parfois pour le louer, souvent pour le condamner. La Société des études robespierristes poursuit son travail depuis plus d’un siècle, mais aujourd’hui encore, la Terreur continue de diviser l’opinion.
Parmi les Conventionnels, membres ou non du Comité de Salut Public, la postérité a fait son choix. Georg Büchner avait déjà imaginé pour la scène, un siècle auparavant, les dernières heures de Danton et de ses compagnons. Dans ses poèmes, Gertrud Kolmar dresse à Robespierre le monument que la France ne lui élève que de mauvaise grâce, quand elle le fait, reculant devant le sang versé : « Je veux t’arracher, de mes griffes te tirer / Hors des désordres, hors du passé ». C’est en glissant son regard dans les lacunes et le flou d’une biographie que le poète trouve son mot à dire, là où bien des « faits » racontés depuis des siècles sont tout sauf avérés. Force est de constater qu’on ne connaît pas grand-chose de l’homme qui joua un rôle bref, mais déterminant dans notre histoire nationale, hormis les textes de ses discours parvenus jusqu’à nous. Son caractère, son quotidien, ses amours, et même son aspect physique sont controversés, jusqu’à la couleur de ses yeux ou de ses cheveux. Les portraits ne sont pas fiables, les témoignages divergent.
Les citations choisies pour l’épigraphe ne laissent aucun doute sur ce qui va suivre. On y trouve, voisinant avec trois textes du prophète Esaïe, cette confidence de Robespierre : « Ôtez-moi ma conscience, je suis le plus malheureux de tous les hommes. » De fait, le recueil a les accents d’un évangile dans lequel le Juste, Robespierre, prend une dimension toute messianique. Comme si les flots de sang versés étaient un mal nécessaire pour purifier la terre de ses démons, dans l’attente de la révélation d’un monde neuf et heureux : l’Apocalypse, telle qu’on la voit par exemple magnifiquement illustrée dans les tapisseries exposées au château d’Angers. Mais c’est au prix du sacrifice du Juste, comme le suggère le texte d’Esaïe : « Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire. On a mis son sépulcre parmi les méchants. »
« Du mehr als Mensch », « Toi plus qu’un homme » : la figure de Robespierre, dans le poème, évoque celle de Jésus parmi ses disciples, et le recueil entre en résonance avec l’image véhiculée par la Bible. De son enfance et sa jeunesse, Gertrud Kolmar retient quelques détails symboliques, signes d’un destin pour lequel il semble avoir été choisi (par exemple, le compliment fait au roi par l’élève boursier du lycée Louis-le-Grand). Elle le fait avancer dans les pas du Christ : comme lui il connaît le doute, la peur, le reniement, les affres de la Passion ; et les insultes, les quolibets sur le chemin de l’échafaud, son Golgotha … Ils ne furent pas nombreux à le pleurer. Mais en invoquant sa dépouille, Gertrud Kolmar, convaincue que « Robespierre et les siens voulaient arracher Dieu à l’Église », croit surtout à la résurrection de ses idées.
Car la parabole relève évidemment de la poésie plus que de la religion, même si Gertrud Kolmar s’est par ailleurs intéressée de près à Catherine Théot, étrange personnage dont les prophéties, manipulées par les ennemis de Robespierre, tendirent à ridiculiser ce dernier dans le rôle du Messie… Si elle emprunte au sacré, c’est parce qu’elle adopte volontairement le ton et la forme qui conviennent en des temps apocalyptiques – l’extermination des Juifs d’Europe ne sera-t-elle pas, elle aussi, désignée après-coup en des termes religieux quand on parlera de Shoah ou d’Holocauste ?
Les poèmes jouent sur différents registres, hymnes ou ballades où se mêlent des strophes plus intimistes. Entre tendresse et cruauté, le lyrisme est tantôt élégiaque, tantôt incantatoire, mais toujours visionnaire, avec des images et des métaphores puissantes, hautes en couleurs, saisissantes. Ainsi voit-elle tomber, par exemple, la nuit de Thermidor, la dernière de Robespierre : « La ténèbre était tapie, lourde, étouffante, cette sorcière, / Couvant la ville dans les brouillards lascifs ; / Le nuage se traînait lourdement, lézard gris, / Et sur les arbres pas une feuille ne vibrait » (« Das Düster hockte stumpf und schwül, die Hexe, / In geilen Dünsten brütend ob der Stadt ; / Die Wolke kröchelte, die graue Echse, / Und an den Bäumen flirrte nicht ein Blatt »). Semblant faire corps avec son poème, Gertrud Kolmar entraîne quelquefois le lecteur dans un univers halluciné, chaotique, un nouveau crépuscule des dieux. Des hommes sont au supplice, des bêtes immondes paraissent, dans un entrelacs de symboles réalistes. « Mais le Pur vit dans le feu » : quand la violence s’apaise, on voit émerger la figure du rédempteur, prêt au sacrifice suprême. On songe parfois à Nelly Sachs, à Trakl devant Grodek, à Georg Heym, à bien d’autres encore. Mais le lyrisme de Gertrud Kolmar n’appartient qu’à elle, nourrie de toutes ses lectures. Portée par les courants de son époque, elle ne se laisse jamais emporter.
La fin de Robespierre est prétexte à parler de sa propre fin, et le dernier poème, Nécrologie, empreint de gravité et de mélancolie, résonne comme un adieu de la poétesse aux vivants : « Et je vous ai portés sur ce visage ; / Ce fut le faible miroir qui vous captura, / Qui fut jeté à terre, aveuglé et brisé. / Oh moi. Que suis-je pour votre éternité, / Sinon un regard, un grain de sable qui s’écoule, infime ? » La mort seule est grande, disait Bossuet …
Considérer la poésie comme un art difficile, réservé à quelques amateurs, est un préjugé dommageable à la réception de livres comme celui-ci. Et comme il touche à notre Panthéon national, il mériterait pourtant un large public ! Le travail de la traductrice pour aider à la compréhension est donc particulièrement méritant, car elle nous fournit avec cette édition bilingue le moyen d’ouvrir les poèmes à tous, tout en réservant à ceux qui connaissent l’allemand le plaisir du texte original avec sa musique, son rythme, ses couleurs. Ce scrupule était naturellement inutile pour le texte en prose consacré au portrait de Robespierre, fort intéressant lui aussi pour compléter l’approche purement poétique du personnage.
Ce n’est décidément pas un hasard si cet hommage à Robespierre et à la Révolution a été écrit par une Juive allemande en des temps où les libertés fondamentales allaient sombrer, non seulement en Allemagne mais aussi en Europe. Mais où des hommes courageux aussi allaient se lever pour combattre au prix de leur vie le pouvoir des nouveaux tyrans. Ce qui nous touche surtout, au-delà de l’aspect historique, c’est la force du lyrisme de Gertrud Kolmar, la charge visionnaire de certains vers qui donnent la troublante impression qu’elle eut la prémonition du sort qu’on lui réservait : « Le souvenir et la torture du feu dans le four qui me calcina / Faisant de moi une pierre rêche / Persécution : jet de pierres, bûcher, échafaud ; / Je n’ai rien d’autre que cela. Ces meurtres / Qui arrachèrent à mes ancêtres leurs membres sans force » (« Erinnerung und Qual der Herdglut, die mich sott / Daß ich zu sprödem Stein geworden, / Verfolgung : Schleuderwurf und Holzstoß und Schafott ; / Ich habe nichts als dies. Dies Morden, / Das meinen Ahnen so die schwachen Glieder riß »).